Jusqu’à présent, pouvons-nous dire, Jésus a appelé, Jésus a investi d’une mission, il s’est révélé à travers des gestes et à travers des paroles. Jésus a demandé peu à peu à l’homme de s’ouvrir à ce qu’il lui annonçait, à ce qu’il lui proposait. Toute la question qui traverse les chapitres précédents, c’est celle de la disponibilité du cœur pour accueillir la parole de Dieu – songeons par exemple à la parabole du semeur, mais aussi aux controverses de Jésus avec les Juifs -, c’est la question de l’ouverture du cœur pour se laisser enseigner par les gestes de Jésus qui donnent de parler, de vivre, de sortir de ses paralysies et de ses mutismes. Jésus est celui que l’on accueille volontiers, à qui il faut s’ouvrir pour pénétrer avec lui dans la nouveauté de Vie où il veut nous faire entrer.
Mais ce Jésus se présente à nous désormais comme celui que nous avons à suivre afin d’entrer dans la profondeur du mystère de sa vie. Il faut que notre vie devienne «imitation» de la vie du Christ, que nous nous laissions entraîner par lui sur le chemin qui est devant nous, qu’il ouvre lui-même, et sur lequel nous avons à le suivre. Le suivre, ce n’est plus seulement laisser tout pour être avec lui, pour être envoyé par lui en mission, mais cela doit s’inscrire dans la chair de notre chair, dans la réalité la plus concrète de notre existence de chaque jour. Il s’agit de marcher derrière Jésus, mais dans le sens d’une vie qui se laisse fasciner par celle du Fils de l’homme, et qui n’a d’autre projet, d’autre perspective et d’autre ouverture que celle d’être comme Jésus et de se laisser enseigner chaque jour par lui ce que veut dire vivre et assumer dans sa vie sa propre mort.
« Il commença de leur enseigner: le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands-prêtres et les scribes, être tué et après trois jour, ressusciter. Et c’est ouvertement qu’il disait ces choses. Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner. Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, admonesta Pierre et lui dit : passe derrière moi, Satan, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. » Voici donc l’enseignement donné maintenant par Jésus. C’est un enseignement, et dès lors, une parole que nous avons à laisser descendre en nous pour la digérer peu à peu, pour en faire vraiment la lumière qui nous éclaire : « Le Fils de l’homme. doit beaucoup souffrir. » Jésus, qui est reconnu comme le Christ, comme le Fils de l’homme, dans la terminologie du prophète Daniel, annonce que le chemin sur lequel il nous entraîne, lui qui vient pour combler notre attente et notre espérance, est un chemin sur lequel il y a à accueillir la souffrance, le rejet de la communauté, et de ceux qui en elle n’acceptent pas, qui facilement mettent les autres au ban, qui marginalisent… Par le grand-prêtre Et les scribes; Jésus doit être rejeté, et il sera finalement mis à mort. Il doit payer de sa vie la révélation qu’il nous offre; mais après trois jours, il pourra ressusciter.
Commentaire de Marc 8, 27 – 9, 1
Simon Decloux
« Croyez à l’Évangile » retraite de huit jours à la suite de Saint Marc, Editions Fidélité 2007,
p. 77-78