Le passage suivant nous propose d’écouter l’explication que Jésus donne aux Douze sur le discours en parabole. « Quand il fut à l’écart, ceux de son entourage avec les Douze l’interrogeaient sur les paraboles. Il leur disait : « À vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné. Mais à ceux-là qui sont dehors, tout arrive en paraboles, afin qu’ils aient beau regarder, ils ne voient pas, qu’ils aient beau entendre ils ne comprennent pas, de peur qu’ils ne se convertissent et qu’ils ne soient pardonnés. » »
C’est là une citation que donne Jésus du prophète Isaïe ; ce sur quoi il insiste dans sa réponse aux Douze, c’est qu’il y a fondamentalement deux situations, deux attitudes opposées de l’homme en face de la parole de Dieu, conçue non pas seulement à travers les énoncés qu’elle nous propose, mais en tant que source constante de révélation. Dieu constamment se révèle, constamment il nous donne les signes de sa présence, une parole qui nous éclaire. Or, dit Jésus, en face de cette action de Dieu qui offre la parole, on peut être « dedans » ou on peut être « dehors ». « À ceux-là qui sont dehors », dit-il, en opposant à ses propres disciples, la foule à laquelle le mystère du Royaume n’a pas été donné. Quand on est « dedans », c’est-à-dire lorsqu’on participe en quelque sorte au mystère de Dieu, lorsqu’on est en communion avec le Dieu qui se révèle, voici que tout est chargé d’une réelle signification, tout est porteur d’un message, tout parle de Dieu. Il s’agit bien sûr de la parole, telle que Jésus est en train de l’adresser aux personnes qu’il rencontre, mais aussi, de cette parole que Dieu ne cesse de dire à travers sa création, à travers l’histoire, à travers les événements, à travers la rencontre d’autrui. Tout est parole de Dieu dans la mesure où le cœur est disponible pour accueillir ce qui est dit par Dieu. Aux apôtres « qui sont dedans », Jésus peut dire : « À vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné. »
Voici que le Royaume s’éclaire. À chaque étape, à chaque moment, dans chaque expérience, chaque jour, il est possible de découvrir la présence du Royaume et de s’y adapter, d’y entrer et de l’accueillir, de vivre selon ses exigences. Telle est la situation dont Jésus parle aux Douze en disant qu’elle est effectivement la leur : « À vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné. » Et parce que la Révélation vous est donnée, vous pouvez accueillir ce que Dieu vous dit ; vous pouvez grandir à l’intérieur de cette révélation de Dieu. Mais il y a malheureusement une autre situation de l’homme qui est « dehors », fermé en quelque sorte à ce que Dieu dit, à ce que Dieu révèle, à ce que Dieu propose. Pour cet homme, « tout arrive en parabole », lequel terme signifie alors une sorte de récit fermé, clos, incompréhensible. Le monde ne livre pas son sens. Un tel homme habite le monde en étranger, sans la lumière intérieure qui lui permettrait d’en cueillir la profondeur et de découvrir combien ce monde parle de Dieu, combien aussi l’histoire que nous vivons est une histoire dans laquelle Dieu continue de donner des signes qu’il s’agit pour nous d’accueillir. Jésus dit donc combien il est possible pour l’homme de vivre sa Vie sans se laisser rejoindre par la parole de Dieu, ou en tout cas, sans la comprendre. Tout reste alors parabole fermée, discours clos qui ne livre pas son sens, discours devant lequel on ne peut que rester interdit, sans en cueillir la signification.
Extrait du commentaire de Marc 4, 1-20
Simon Decloux
« Croyez à l’Évangile » retraite de huit jours à la suite de Saint Marc
Editions Fidélité 2007 p. 46-48