« Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. » Jn 10
Nous sommes invités à sortir car Jésus marche devant nous sur le chemin : non seulement Il nous précède mais Il nous donne d’entendre et de connaître Sa voix … En nous Sa voix se fait invitation, consolation, paix, unification, comme celle de l’Ami qu’Il est pour nous …
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 10,1-10.
En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.
Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis.
Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.
Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix.
Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
Jésus employa cette image pour s’adresser à eux, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait.
C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis.
Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.
Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage.
Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »
Evangile du 4ème dimanche de Pâques – Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
Homelie du Père Emonet sur cet évangile
une fois encore un dimanche sans messe publique, mais pas sans Évangile! Pierre Emonet sj se demande si nous sommes «Brebis heureuses ou moutons d’abattoir» (Jn 10,1-10): Les brebis suivent-elle la voix du berger? ou, sacrifiées aux intérêts de ceux qui leur ont volé leur vie, ne sont-elles plus que des moutons destinés à l’abattoir?
Le monde auquel s’adresse Jésus est familier des troupeaux et des pâturages. Les ancêtres, Abraham, Isaac, Jacob, David, étaient des bergers qui se déplaçaient avec leurs troupeaux au gré des saisons. Les prophètes qui avaient parlé du Messie comme d’un mystérieux berger selon le cœur de Dieu. La métaphore était devenue classique pour parler des relations entre Israël et Dieu. Jésus y recourt dans la polémique qui l’oppose aux pharisiens qui avaient expulsé de la Synagogue l’aveugle de naissance récemment guéri.
Jésus commence par brosser un tableau symbolique, où tout se joue autour de l’enclos qui abrite un troupeau de brebis. Le berger y entre normalement par la porte. Par contre, les voleurs -allusion aux pharisiens- escaladent le muret de l’enclos. Il y a quelque chose de malhonnête dans leur rapport aux brebis. Il faut donc s’en méfier. Par contre, le berger a une relation amicale et personnelle avec ses brebis. Il connaît chacune par son nom et les brebis reconnaissent le son de sa voix et le suivent. Comme les disciples écoutent la Parole et suivent le Christ. Marchant en tête, ouvrant le chemin, le berger conduit son troupeau hors de l’enclos. Dans le texte original grec de l’Évangile, le mot enclos signifie également le parvis du Temple. Clin d’œil de l’évangéliste aux pharisiens: comme autrefois Dieu guidait le peuple hébreu vers la Terre Promise, le Christ, emmène ses brebis vers de bons pâturages, hors du Temple et de ses marchands, loin des prescriptions et des traditions pharisaïques.
Parce que les pharisiens semblent ne pas comprendre où Jésus veut en venir, persuadés qu’ils sont d’être eux-mêmes les bergers du troupeau, il leur propose une autre image. Qu’ils regardent la porte par laquelle les brebis sortent de leur enclos pour gagner la liberté des pâturages. Reprenant à son compte le nom divin révélé à Moïse au buisson ardent, Jésus affirme avec force -trois fois Amen- comme une vérité absolue et solennelle: «JE SUIS la porte». Il est le passage obligé qui ouvre sur une vie plus abondante. Qui passe par lui peut aller et venir en toute liberté dans un pâturage qui ressemble au Paradis perdu. Du coup, voilà le Christ en concurrence avec les pseudos prophètes et autres marchands de recettes merveilleuses qui tentent de s’emparer des brebis pour leur propre commerce. Ces gens ne sont que des voleurs de Dieu, des bandits. Abusées, les brebis n’entendent plus la voix du berger. Sacrifiées aux intérêts de ceux qui leur ont volé leur vie, elles ne sont plus que des moutons destinés à l’abattoir.
Suivre le berger, trouver la porte, encore faut-il que les brebis reconnaissent la voix du pasteur parmi tous les appels qui résonnent en elles et autour d’elles, et qu’elles trouvent la bonne sortie. Jésus propose à ses auditeurs un triple critère de discernement. Qui écoute la voix du berger (la Parole), progresse dans la liberté et vit de plus en plus pleinement se trouve sur le bon chemin: «Je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance.»
Pierre Emonet sj