L’AUTORITÉ
Participant : J’ai une question à poser au sujet de l’obéissance à l’autorité. Je vois une part de vérité dans ce que vous avez dit. Le problème est de savoir qui est l’autorité. Ainsi, dans les douze étapes qui constituent le processus de guérison, la troisième consiste à remettre ma vie et ma volonté entre les mains de Dieu, c’est-à-dire à céder ma volonté au pouvoir qui m’est supérieur. L’obéissance à une autorité est donc bien réelle, mais le problème ou la controverse réside dans le fait que certains pensent être l’autorité et connaître les réponses. Beaucoup de gens m’ont donné l’impression qu’ils obéissaient à l’autorité, à un pouvoir supérieur, au Seigneur…
Marshall : Je dirais que le terme « obéissance » décrit la manière dont nous choisissons parfois de faire ce que les autorités demandent parce que nous voyons en quoi cela embellit la vie. À ce moment-là, je ne parlerais pas d’’obéissance’ à l’autorité. Je dirais que je choisis d’agir comme l’autorité le demande parce que cette manière d’agir est en harmonie avec mes besoins. Chaque fois que nous travaillons avec des enseignants et des parents, nous nous efforçons de faire en sorte qu’ils expliquent clairement aux enfants qui les entourent la différence entre le respect de l’autorité et l’obéissance à l’autorité.
Participant : Je vois.
Participant : D’accord; l’obéissance consiste donc à faire aveuglément tout ce que dit l’autorité.
Marshall : Oui. Et l’obéissance à l’autorité, au sens où je pense que vous l’entendez, signifie ceci : je choisis de faire ce que cette personne dit parce que je respecte son autorité. Je vois réellement quelle a quelque chose à offrir au service de la vie alors je choisis de le faire. L’une des premières choses que nous enseignons aux enfants de nos écoles est de ne jamais donner à l’autorité le pouvoir de nous dire ce que nous devons faire. C’est la première chose que nous voulons leur enseigner. S’il est facile d’enseigner cela à un enfant de six ans, il est très difficile de l’enseigner à ses professeurs. En revanche, il convient de respecter l’autorité, d’entendre ce qu’elle a à offrir, d’apprendre à son contact.
Participant : Puis de prendre sa propre décision.
Marshall : Puis de faire son propre ‘choix’. Et aussi d’éviter de réagir par rébellion, en raison de la manière dont l’autorité nous a été imposée dans le passé. La soumission et la rébellion ont toutes deux pour effet de céder le pouvoir à l’autre. Ne permettez jamais à autrui d’exercer sur vous un pouvoir qui vous obligera à vous soumettre ou à vous rebeller. L’état de soumission et celui de rébellion permettent à l’autre d’exercer un pouvoir sur vous. Lorsque vous êtes réellement libre, vous êtes conscient de pouvoir faire tout ce que vous voulez à chaque instant de votre vie. Personne ne peut vous contraindre à faire quoi que ce soit.
Marshall Rosenberg, Clés pour un monde meilleur (The Heart Of Social Change)