L’Eloge de la soif

Le Pape François et les responsables de la Curie romaine ont écouté dimanche en fin d’après-midi le prêtre portugais José Tolentino de Mendonça, qui a commencé sa prédication en commentant le passage de l’Évangile de saint Jean dédié à la rencontre entre Jésus et la Samaritaine au puit de Jacob.
[textes de Vaticannews.va]

Première méditation des Exercices spirituels: Jésus a soif de nous rencontrer

Jésus, qui, assis au puit de Jacob, demande à la Samaritaine «donne-moi à boire» nous émerveille, nous laisse désarmés par l’étonnement. Un juif qui parle avec une femme de Samarie, peuplée par des dissidents avec lesquels les juifs n’étaient pas d’accord, nous surprend comme Jésus, qui s’adresse à nous pour nous demander : «Donne-moi ce que tu as, ouvre ton cœur, donne-moi ce que tu es».

C’est sur cette scène que le père José Tolentino de Mendonça a introduit les Exercices spirituels de Carême pour le Pape et la Curie romaine, à la chapelle de la Maison du Divin Maître, à Ariccia. Le théologien et poète portugais, vice-recteur de l’Université catholique de Lisbonne, a choisi comme thème de ses prédications «l’Éloge de la soif».

La demande de Jésus à la samaritaine provoque en nous une certaine perplexité, parce que «nous sommes ceux qui sont venus boire» au puit. Mais Jésus est fatigué par le voyage, et il est assis près du puit. Et dans l’Évangile, ceux qui sont assis pour demander, ce sont les mendiants, a remarqué le père Tolentino. Jésus lui aussi mendie, il a «un corps qui expérimente la fatigue des jours : consumé par le soin amoureux des autres». Ce n’est donc pas seulement l’homme qui est mendiant de Dieu. C’est aussi «Dieu qui est mendiant de l’homme».

Avec sa faiblesse, Il est venu nous chercher

Jésus vient nous chercher «dans la part la plus abyssale et la plus nocturne de notre fragilité», pour que nous nous sentions «compris et cherchés par la soif de Jésus». Et ce n’est pas seulement une soif d’eau, elle est plus grande. «C’est la soif de rejoindre nos soifs, d’entrer en contact avec nos blessures.» Il nous demande «donne-moi à boire». «Est-ce que nous le lui donnerons ? Est-ce que nous nous donnerons à boire les uns les autres?», s’est interrogé le prédicateur.

Nous devons nous reconnaître appelés, parce que c’est le Seigneur qui prend l’initiative de venir à notre rencontre. «Aussi grand que soit notre désir, notre désir de Dieu est encore plus grand». Et quand Jésus dit à la femme le vrai sens de sa vie, «ceci ne l’humilie pas, ni ne la paralyse. Et même, elle se sent rencontrée, visitée par la grâce, libérée par la vérité du Seigneur.»

Dieu sait que nous sommes ici et Il nous embrasse

Nous devons nous sentir embrassés, a conclu le prédicateur des Exercices spirituels, parce que «Dieu sait que nous sommes ici», et dans ces jours, nous ne devons rien attendre d’autre que ce que Dieu veut nous donner.

Deuxième méditation des Exercices spirituels: faisons reposer en Dieu notre soif

«La science de la soif».

La promesse de Dieu face à la pénurie humaine

La dernière phrase prononcée par Jésus dans le livre de l’Apocalypse est une invitation. «Celui qui a soif, qu’il vienne». Don Tolentino est parti de cette citation pour développer sa réflexion afin de comprendre les contours de cette «abondance» et de cette «gratuité» de vie que le fils de Dieu offre à l’homme et à évaluer la réponse de l’homme aujourd’hui. Jésus promet de nous désaltérer, en reconnaissant que nous sommes «incomplets et en construction».

«Jésus vient à la rencontre de notre histoire comme elle, dans son inaccomplissement, son vide ou son échec, pour nous dire : “Celui qui a soif, qu’il vienne ; celui qui désire, qu’il prenne gratuitement l’eau de la vie.” Alors qu’il nous permet de nous désaltérer par pure grâce, en manifestant de cette façon l’amour inconditionnel qu’il nous réserve, il reconnaît que nous sommes encore incomplets et en construction. Notre condition est si souvent indigente que nous saurons pas accéder avec nos propres forces au bien qui nous rassasie. Nous ne pourrons l’acquérir en aucun lieu, même si nous le voulions, puisque ceci ne peut que nous être donné.»

Jésus sait «combien d’obstacles nous freinent» et combien de «dérives nous retardent». Dans le désir et dans la soif il y a en effet deux sentiments contradictoires : l’attraction et la distance, le transport et la vigilance. Et donc, la question à se poser est : est-ce que nous désirons Dieu ? Est-ce que nous savons reconnaître notre soif ? Est-ce que nous nous donnons le temps de la déchiffrer ?

Il n’est pas facile de reconnaître la soif de Dieu

À partir de ces interrogations, le prédicateur s’est penché sur un parcours allant de la Bible à des textes profanes, notamment d’Eugène Ionesco et Antoine de Saint-Exupéry, pour mettre en évidence les aspects de la soif comme besoin physique, comme reconnaissance de nos limites, de notre vulnérabilité extrême. «La foi nous prive de respiration, elle nous épuise, elle nous pousse à nos limites extrêmes». Le père Tolentino a évoqué le personnage de Jean dans La Soif et la Faim, de Ionesco. Une figure dévorée par «un vide infini», «une inquiétude que rien ne semble pouvoir apaiser».

«Une soif qui se transforme en une énorme insatisfaction, dans la désaffection dans les regards de ce qui est essentiel, dans une incapacité de discernement qui nous pousse dans les bras du consumérisme. On parle beaucoup contre le consumérisme des centres commerciaux, mais n’oublions pas qu’il existe aussi un consumérisme dans la vie spirituelle. Et ce qui se dit de l’un aide à comprendre l’autre. Le fait est que nos sociétés qui imposent la consommation comme critère de bonheur transforment le désir en un piège.»

Le consumérisme spirituel de l’homme d’aujourd’hui

Voici la soif de l’homme d’aujourd’hui. Une foi qui, a expliqué le prédicateur, «se transforme dans la désaffection des regards sur ce qui est essentiel, en une incapacité de discernement». Et dans nos sociétés, il y a un piège : chaque fois en effet que nous pensons apaiser notre soif dans une vitrine, dans une acquisition, dans un objet, l’évaluation de ce bien fait grandir en nous un vide. L’objet de notre désir, a donc affirmé le prêtre, est «une entité absente», un «objet toujours manquant». Et pourtant, «le Seigneur ne cesse de nous dire : “celui qui a soif, qu’il vienne ; celui qui désire, qu’il boive gratuitement l’eau de la vie”».

Faisons reposer en Dieu notre soif

Il y a de nombreuses façon d’adopter «une attitude d’évasion spirituelle sans jamais prendre conscience que nous sommes en fuite», en prétextant des «raisons de rendement et d’efficacité» qui se substituent à une «auscultation profonde de notre espace intérieur et au discernement de notre soif». Mais il n’existe pas de «pilules en mesure de résoudre mécaniquement nos problèmes». D’où l’invitation lancée par le prédicateur, en cette seconde journée des Exercices spirituels : «ralentissons notre pas, prenons conscience de nos besoins, asseyons-nous à la table de la foi, non pas pour des raisons matérielles ou économiques, mais pour des raisons de vie». La soif de «relations, d’acceptation et d’amour» est présente dans chaque être humain, elle est un patrimoine «biographique» que nous sommes appelés à reconnaître : «En réalité, beaucoup de soifs brûlent en nous. Nous les méprisons, comme si elles étaient une matière existentielle et spirituelle qui ne mériteraient pas notre attention. Nous nous les fuyons, comme si elles n’avaient rien à nous révéler de Dieu.»

Et pourtant, notre soif est comme le creuset «des mains amoureuses de Dieu qui, avec espérance, cherchent des formes nouvelles pour dire la vie», a répété le prédicateur, en invitant donc à faire reposer notre soif en Dieu.

Troisième méditation des Exercices spirituels: découvrir et interpréter la soif de Dieu

C’est le désir de tous les hommes d’aspirer à l’infini. Le père Tolentino a expliqué comment éduquer son propre désir de Dieu.

La soif de Dieu et la capacité de la reconnaître ont été au centre de la méditation du lundi après-midi proposée par le père José Tolentino de Mendonça. Le théologien et poète portugais a indiqué, sous le titre «Je me suis rendu compte d’être assoiffé», la prédisposition d’âme et les instruments nécessaires pour interpréter le désir de Dieu qui est en nous, pour le contempler, l’éduquer, pour valoriser la spiritualité de la soif. Dans cet objectif, le prédicateur a expliqué qu’entrer en contact «avec sa propre soif n’est pas une opération facile, mais si nous ne le faisons pas, la vie spirituelle perd l’adhérence avec notre réalité».

Prendre conscience de notre soif

Nous devons donc perdre la peur de reconnaître notre soif et notre sécheresse. Comme première action, le père Tolentino exhorte donc à ne pas trop intellectualiser la foi : «Nous nous sommes construit un château phénoménal d’abstractions. Ce n’est pas par hasard que la théologie des derniers siècles s’est arrêtée si longtemps pour débattre des questions posées par l’illuminisme, et s’est éloignée des questions posées par exemple par le romantisme, comme les questions de l’identité, collective et personnelle, de l’émergence du sujet et du mal de vivre. Nous sommes plus préoccupés par la crédibilité rationnelle de l’expérience de foi que par sa crédibilité existentielle, anthropologique et affective. Nous nous occupons plus de la raison que du sentiment. Nous tournons le dos à la richesse de notre monde émotionnel.»

L’homme est en effet «un mélange de nombreuses composantes émotionnelles, psychologiques et spirituelles, et nous devons prendre conscience de toutes». Ainsi, la vie spirituelle n’est pas préfabriquée mais elle est «impliquée dans la singularité radicale de chaque sujet». Parler de la soif, c’est parler de l’existence réelle et non pas de la fiction de nous-mêmes à laquelle trop souvent nous nous adaptons, c’est illuminer une expérience, plus qu’un concept. Il faut donc secouer notre torpeur quotidienne parce qu’il «peut advenir que nous ayons la plus grande difficulté à admettre que nous sommes assoiffés». Mais l’une des conditions nécessaires pour recevoir l’eau de la vie, c’est de se reconnaître assoiffés.

Interpréter la soif

Après avoir pris conscience de sa propre soif, il faut interpréter ce besoin qui est en nous. Le père Tolentino met en évidence le fait que l’on doit faire la distinction entre un vrai besoin, et la simple possession d’un objet : «Ne confondons pas le désir avec les besoins. Le désir est un manque jamais complètement satisfait. C’est une tension, une blessure toujours ouverte, une exposition interminable à l’altérité. Le désir est une aspiration qui nous transcende et qui ne détermine pas, comme la nécessité, une fin, un terme. La nécessité est une carence contingente du sujet. L’infini du désir est un désir de l’infini.»

«Le désir humain se différence ainsi du désir des animaux», a remarqué encore le prédicateur, et être humain signifie «sentir que l’existence dépend de cette reconnaissance plus que de n’importe quelle autre chose». Ce désir est mortifié dans les sociétés capitalistes, qui profitent avidement des compulsions de satisfaction des nécessités induites, en éliminant la soif et le désir typiquement humains. En pratique, souligne le prêtre portugais, le discours capitaliste promet de libérer le désir des inhibitions de la loi et de la morale, au nom d’une satisfaction illimitée. Et quand ceci arrive, «le plaisir, la passion, la joie s’épuisent dans un consumérisme effréné, tant d’objets que de personnes», et ainsi on arrive à l’extinction de la soif, à l’agonie du désir. La vie perd son horizon.

La soif de Dieu

«Comme un cerf altéré cherche l’eau vive». Le père Tolentino a cité le psaume 42 pour évoquer la recherche vouée à se désaltérer de la soif de Dieu. Si on contemple ici le monde avec amour, on découvre que «toute la création a été traversée par ce désir viscéral». Le prédicateur cite ensuite les paroles de saint Augustin : «Cours à la source, désire la source, mais ne cours pas n’importe comment, ne cours pas comme un quelconque animal… Ne sois pas lent… Le cerf est très rapide.»

Le prédicateur a invité en outre à valoriser la spiritualité de la soif, plus que les structures : «Nous avons peut-être besoin de retrouver le désir, son itinérance et son ouverture, plus que les codifications dans lesquelles tout est prévu, établi, garanti. L’expérience du désir n’est pas un titre de propriété ou une forme de possession : c’est même une condition de mendicité. Le croyant est un mendiant de miséricorde.»

En conclusion, le prédicateur s’adresse en particulier aux pasteurs en les appelant à la réconciliation avec leur vulnérabilité, et rappelle à tous l’appel du Pape François. «L’une des pires tentations est l’autosuffisance et l’autoréférentialité.» Au contraire, embrasser sa propre vulnérabilité, c’est accéder au désir d’être reconnus et touchés comme le lépreux qui s’est rapproché de Jésus, comme la belle-mère de Pierre au lit avec la fièvre, comme la femme qui depuis 12 ans souffrait d’hémorragies, comme ceux qui criaient «Fils de David, aie pitié de nous».

Quatrième méditation des Exercices spirituels: contre l’acédie, aimer comme Jésus

L’acédie est le contraire de la soif, du désir de vie : le prédicateur de la retraite de Carême a consacré son quatrième enseignement à cette difficulté de la vie spirituelle.

L’acédie, la perte de la saveur de vivre, était au centre de la réflexion, ce mardi matin, du père José Tolentino de Mendonça, le prédicateur des Exercices spirituels de Carême pour le Pape et la Curie romaine à Ariccia. Pour commencer ce troisième jour de prédication, il a rappelé que l’acédie, parfois, nous assaille et nous rend malade. C’est, au fond, le contraire de la soif, fil conducteur de ces méditations.

«Quand nous renonçons à la soif, alors nous commençons à mourir. Quand nous nous désistons du désir, du fait de prendre goût aux rencontres, aux conversations, aux échanges, à la sortie de nous-mêmes, aux projets, aux travaux, à la prière elle-même. Quand notre curiosité pour l’autre et notre ouverture à l’inédit diminuent, tout sonne comme un air de déjà-vu que nous ressentons comme un poids inutile, incongru et absurde, qui nous écrase.»

Il semble alors que la vie que “moi je vis” soit celle d’une autre personne, rappelait Kierkegaard, alors qu’Évagre le Pontique, parlait du «démon de l’acédie» et Cassien parlait des conséquences dans la vie du moine : en substance, une insatisfaction profonde, qui mène à la perte de l’enthousiasme. L’exhortation Evangelii Gaudium met en garde contre la «psychologie de la tombe», qui amène à s’attacher à une tristesse douceâtre.

Les états dépressifs ne se soignent pas seulement avec des médicaments

La monde contemporain «a médicalisé l’acédie, en l’affrontant comme une pathologie qui se traite du point de vue psychiatrique». «Même dans un cadre clinique, il est évident que l’acédie ou les états dépressifs ne peuvent pas être soignés seulement avec les pastilles mais doivent impliquer dans le soin la personne entière», a expliqué le père Tolentino. «Il y a beaucoup de souffrances cachées dont nous devons découvrir l’origine, qui s’enracine dans le mystère de la solitude humaine».

Le burn-out : un épuisement émotionnel

Il y a ensuite un autre problème «qui s’étend toujours plus» : le burn-out, qui signifie littéralement «se brûler», un épuisement émotif, qui peut frapper aussi les prêtres. En général, quand on se sent abandonné, il reste seulement un vide que certains remplissent avec de faux palliatifs comme la mondanité, l’alcool, les réseaux sociaux, le consumérisme, ou l’hyperactivité. Il y en a qui portent les blessures de luttes ou d’échecs, ou d’autres qui portent celles de l’abandon ou d’abus remontant à quand ils étaient enfants, d’autres qui portent celles de la pauvreté économique ou de la guerre.

Jonas, Jacob et le jeune homme riche

Deux figures peuvent faire comprendre cette dynamique. Dans l’histoire de Jonas, on voit comment notre rapport à Dieu est souvent un dialogue de sourds dans lequel on n’entend rien parce que l’on est «rétif au contenu de la volonté de Dieu», à la logique de sa miséricorde. Jacob, en revanche, lutte avec Dieu jusqu’à l’aube. En lui, il y a un désir de vie, alors que Jonas est capricieux, il entre en collision avec le désir de vie de Dieu qui veut introduire tout le monde dans une relation existentielle nouvelle. La tristesse liée à l’acédie rappelle ensuite celle du jeune homme riche, qui obéissait à tous les commandements, mais qui, à l’heure décisive, a préféré conserver ses biens au lieu de l’aventure ouverte de vivre dans la confiance : «Il n’est pas rare que notre tristesse provienne de cette incapacité», a remarqué le prédicateur portugais.

La question du désir

Il faut donc faire un examen de conscience sur la dévitalisation du désir : le problème n’est pas toujours l’excès d’activité mais de ne pas avoir les motivations adéquates.

La réponse à tout cela, c’est Jésus. Le lien avec Lui passe nécessairement par la configuration dans la Passion : «Notre cœur murit dans cette capacité d’arriver au point de souffrir pour ceux qui s’aiment à sa manière». Dans la parole de l’épouse de l’Apocalypse, «viens», se révèle le besoin profond que l’Église éprouve en relation avec la venue de l’Esprit, comme le mettait en relief aussi Simone Weil.

«Dans cette parole il y a la trace de tout ce dont nous avons besoin, la raison de notre cri, la raison de notre espérance, et, souvent, la raison de notre désespoir, de notre échec, de notre fatigue, et la nécessité de surmonter tout cela en Dieu. Celui auquel nous disons « viens ! » est le même qui nous dit : “Venez à moi, vous tous qui êtes fatiguées et oppressés, et je vous donnerais le repos. Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi.”»

Cinquième méditation des Exercices spirituels: la soif de Jésus au Calvaire

«La soif de Jésus», signe de la soif existentielle de l’homme, était au centre de la 5e méditation des Exercices Spirituels –
Roberta Gisotti – Cité du Vatican

La soif de Jésus, cette soif corporelle à l’heure du Calvaire, «preuve de son incarnation», est «un signe du réalisme de sa mort», une clé vitale pour comprendre le sens profond de sa vie et de sa mort, a expliqué le père Tolentino. L’évangéliste Jean, en plus du récit du Calvaire, utilise trois fois l’expression «avoir soif». Quand Jésus rencontre la Samaritaine, il lui dit : «Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif, mais qui boira de l’eau que je lui donnerais, n’aura plus soif dans l’éternité». Ensuite dans le discours du pain de la vie, Jésus déclare : «Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif». Enfin, durant la fête de Soukkot (la fête des tentes), Jésus annonce : «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et celui qui croit en moi, qu’il boive.»

La soif de la Samaritaine

«Dans la rencontre avec la Samaritaine, il y un changement de rôle qui ne doit pas rester inaperçu», a remarqué le prédicateur : Jésus demande à boire, mais c’est en fait lui qui donnera à boire. «La Samaritaine, cependant, ne comprend pas tout de suite les paroles de Jésus, elle les interprète comme si elles se rapportaient à une soif physique. Mais depuis le début, Jésus jouait avec un sens spirituel. Son désir se rapportait toujours à une autre soif, comme il l’a expliqué à la femme : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit “donne-moi à boire”, tu le lui aurais demandé et il t’aurait donné l’eau vive».

Jésus demande de l’eau mais reçoit du vinaigre

C’est aussi comme cela sur le Calvaire, Jésus manifeste tout de suite son désir de boire, mais n’est pas compris, et au lieu de recevoir de l’eau il reçoit du vinaigre, et après en avoir pris, il dit «tout est accompli», et il incline la tête et rend l’Esprit. «La soif est ainsi le sceau de l’accomplissement de son œuvre et, en même temps, du désir ardent de faire don de l’Esprit, la vraie eau vive capable de désaltérer radicalement la soif du cœur humain.»

Avoir soif, c’est croire dans le Christ

Et encore dans la fête des Tentes, il est mis en évidence qu’avoir soif, c’est «croire en Jésus», et que boire, c’est «venir au Christ». «En vérité, la soif dont Jésus parle est une secte existentielle qui se place en faisant converger notre vie vers la sienne. Avoir soif, c’est avoir soif de Lui. Nous sommes donc appelés à vivre une centralité christologique : sortir de nous-mêmes et chercher dans le Christ cette eau qui éteint notre soif, en surmontant la tentation de l’autoréférentialité qui nous rend malade et nous tyrannise.»

La carence de sens et le désir du salut

La soif de Jésus permet donc de «comprendre la soif qui existe dans notre cœur humain, et de se disposer à la servir», en répondant «à la soif de Dieu, au manque de sens et de vérité, au désir d’être sauvé qui subsiste en chaque être humain, même si c’est un désir occulte et enfoui sous les détritus existentiels», a souligné le prédicateur.

Rompre les chaînes et libérer les énergies pour donner de l’espérance

Comme l’enseigne Mère Teresa, les paroles de Jésus «J’ai soif», qui apparaissent dans toutes les chapelles des Missionnaires de la charité, ne concernent pas seulement le passé mais sont vivantes aujourd’hui. Alors nous devons toujours redécouvrir l’Esprit Saint, parce que parfois nous sommes une Église dans laquelle manque «la vivacité», «la jeunesse», «la joie» de cet Esprit qui nous fait être «une Église en sortie».

C’est cela, le sens de la soif de Jésus : « Sa soif, c’est de rompre les chaînes qui nous enferment dans la culpabilité et dans l’égoïsme, en nous empêchant d’avancer et de grandir dans la liberté intérieure. Sa soif, c’est de libérer les énergies les plus profondes cachées en nous, pour que nous puissions devenir des hommes et des femmes de compassion, artisans de paix comme lui, sans fuir la souffrance et les conflits de notre monde déchiré, mais en prenant notre place, et en créant des communautés et des lieux d’amour, de façon à porter une espérance sur cette terre», a martelé le père Tolentino.

Sixième méditation des Exercices spirituels: Jésus accueille toutes les larmes

Le père José Tolentino de Mendonça a axé sa réflexion sur les larmes des femmes dans l’Évangile, qui montrent la soif de Jésus.

21 février 2018 – Debora Donnini – Cité du Vatican

Les larmes manifestent une soif de vie et de relation. Dans sa 6e méditation des Exercices spirituels, le prêtre portugais José Tolentino Mendonça a évoqué le sens des larmes dans la vie de l’homme et en relation à Dieu, avec des citations tirées de l’Évangile et de différents auteurs.

Les larmes des femmes des Évangiles

Marie, Marie-Madeleine, ou encore la veuve de Naïm : on ne peut pas ignorer les si nombreuses femmes présentes dans l’Évangile. Différentes pour leur condition existentielle, économique, leur âge, avec leur façon de faire, elles évangélisent. Elles ne cherchent jamais à piéger Jésus. Ce qui les unit, ce sont surtout les larmes, un débordement d’émotions, de conflits, de joies et de blessures.

«Mais les larmes disent que Dieu s’incarne dans nos vies, dans nos échecs, dans nos rencontres. Dans les Évangiles, le Christ, lui aussi, pleure. Jésus se charge aussi de notre condition, il se fait un de nous, et nos larmes sont donc englobées dans les siennes. Il les porte avec lui, vraiment. Quand il pleure, il recueille et assume solidairement toutes les larmes du monde.»

Le désir de vie

Ce sont justement les femmes de l’Évangile qui montrent l’importance des larmes, qui sont un signe de désir de vie, a affirmé le père Tolentino. Il a fait référence à une réflexion de la psychanalyste française Julia Kristeva, une non-croyante, qui disait que quand un patient dépressif arrivait à pleurer sur le divan, il se passait une chose très importante : il commençait à prendre ses distances avec la tentation du suicide, parce que les larmes ne racontent pas le désir de mourir mais «notre soif de vie».

Dieu connaît la douleur des pleurs

Dès l’enfance, les larmes indiquent une soif de relation. Beaucoup de saints ont pleuré avec abondance, comme Ignace de Loyola. Le philosophe Cioran, lui, disait que dans le jugement final seules les larmes compteront, car elles donnent un sens d’éternité à notre avenir, et que le don de la religion est justement celui de nous apprendre à pleurer. Les larmes sont ce qui peut nous rendre saints après avoir été humains.

«Notre biographie peut être racontée aussi à travers les larmes : de joie, de fête, d’émotion lumineuse ; et de nuit obscure, de déchirement, d’abandon, de repentir et de contrition. Pensons à tant de larmes versées, et à celles qui sont restées comme un nœud dans la gorge, et dont le manque nous a ensuite pesé, et nous pèse encore. La douleur de ces larmes qui n’ont pas été pleurées. Dieu les connaît toutes, et les accueille comme une prière. Ayons confiance, donc. Ne les lui cachons pas.»

Recherche de relation

Pour Grégoire de Nazianze, les larmes sont, en un certain sens, un cinquième baptême. Et Nelson Mandela, en prison, s’est retrouvé avec les yeux tellement ruinés qu’il a perdu la capacité de verser des larmes, mais il n’a pas perdu la soif de justice. Au fond, a poursuivi le prêtre, quand on pleure, même si on s’efforce de ne pas le faire voir, la vérité est que nous pleurons toujours pour que l’autre voie. «C’est la soif de l’autre qui nous fait pleurer» : un ami arrive et nous sentons que nous pouvons nous abandonner à nos émotions les plus intimes.

La soif de Jésus

Enfin, le père Tolentino a fait référence à la femme qui pleure et lave les pieds de Jésus avec ses larmes. Souvent, a-t-il noté, on prend une distance critique vis-à-vis de la religiosité populaire, où l’on s’exprime avec une abondance de larmes. Il est alors difficile, pour les pasteurs, de percevoir la religion des simples, basées non sur les idées mais sur les gestes. Parfois, au contraire, on peut la vivre d’une façon ascétique. Et c’est justement l’impressionnante qualité de ce que la femme donne à Jésus qui permet de constater que Simon, le maître de maison, n’a rien donné. «C’est cette hospitalité inédite que Jésus entend exalter», a conclu le père Tolentino, «cette soif, dont les larmes sont le signe, et qu’il nous revient d’apprendre».

Septième méditation des Exercices spirituels: apprendre à boire de sa propre soif

Ce qui s’oppose le plus à la vie de Dieu en nous, n’est pas la faiblesse mais l’orgueil.

le 21 février. (ANSA)
Debora Donnini – Cité du Vatican

Dans cette septième méditation des Exercices Spirituels à Ariccia, le père José Tolentino Mendonça a rappelé que notre pauvreté était le lieu où Jésus intervenait, et que le plus grand obstacle à la vie de Dieu en nous, n’était pas la fragilité, mais la rigidité et l’autosuffisance. «Nous devons donc apprendre à boire de notre soif», a affirmé le prêtre portugais, associant cette fois-ci la «soif» à la Passion du Christ.

«La route nous en apprend plus que l’auberge»

L’Église ne doit pas s’isoler dans une tour d’ivoire, elle ne doit pas reproduire des pratiques et des comportements. Elle doit devenir gardienne du sacré mais être aussi disciple, à l’instar «d’une expérience de nomadisme». Par conséquent, même les non-croyants peuvent regarder avec une fraîcheur surprenante la vie de la foi.

Ensuite, il y a le risque de faire faire aux autres, «des chemins exigeants pendant que nous restons assis», a-t-il poursuivi. Il faut faire attention à ce que notre vie sédentaire n’influence pas notre vie spirituelle, la poussant vers «une atrophie intérieure».

Voir dans la soif une forme de chemin

Nous devons ensuite expérimenter la spiritualité comme une aventure communautaire, comme le souligne Gustavo Gutiérrez dans son livre Boire de son propre puits. L’itinéraire spirituel d’un peuple. Ce puits représente donc la vie spirituelle concrète, blessée par les contingences et l’étroitesse:

«L’humanité que nous luttons à embrasser, la nôtre et celle des autres, représente l’humanité embrassée par Jésus, parce qu’il s’incline avec amour sur notre réalité, et non sur l’idéalisation de nous-mêmes que nous construisons. En bref, le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu implique pour nous une vision non-idéologique de la vie».

Cesser de vouloir une vie parfaite à tout prix

La soif, dans un certain sens, nous humanise et constitue un chemin de «maturation spirituelle». Alors, quand nous faisons nos propres analyses existentielles, il nous faut beaucoup de temps pour perdre cette manie de vouloir des choses parfaites, cette habitude que l’on a à superposer de fausses images sur la réalité, a rappelé le père José Tolentino Mendonça.

Comme l’écrit Thomas Merton, le Christ a voulu s’identifier à ce que nous n’aimons pas chez nous parce qu’il a pris sur lui, notre misère et notre souffrance. Saint Paul lui-même témoigne de la foi comme d’une hypothèse paradoxale: «Quand je suis faible, alors je suis fort».

Le grand obstacle à la vie de Dieu en nous n’est pas la fragilité ou la faiblesse, mais donc la dureté et la rigidité. Ce n’est pas la vulnérabilité et l’humiliation, mais son contraire: la fierté, l’autosuffisance, l’autojustification, l’isolement, la violence, le délire du pouvoir qui sont des obstacles. La force dont nous avons vraiment besoin, la grâce dont nous avons besoin, n’est pas la nôtre, mais celle de Christ.

Les trois tentations dans le désert

«Si nous nous préparons à écouter, la soif peut être un maître précieux de la vie intérieure», a poursuivi le prédicateur portugais, en s’arrêtant sur l’épisode des trois tentations de Jésus dans le désert.

Le premier sur le pain: Jésus connaît les besoins matériels humains, mais il se souvient que l’homme ne vit pas seulement de pain. Sa réponse n’est pas de nous faire échapper à la réalité, mais de permettre de la considérer comme un lieu qui doit être investi par l’Esprit Saint.

Pour comprendre la deuxième tentation, le prêtre se réfère plutôt au moment où le peuple d’Israël dans le désert demande à Moïse de lui donner à boire: pour croire, nous voulons voir notre soif satisfaite, mais Jésus «nous enseigne à percevoir le silence, l’abandon et la soif comme une prière».

Enfin, la troisième tentation porte sur les idoles auxquelles Jésus répond ceci: «Le Seigneur ton Dieu, tu adoreras: à lui seul tu feras l’adoration». Un passage à associer à l’Évangile de Matthieu quand Jésus ressuscité se souvient qu’on lui a donné tout pouvoir dans le ciel et sur la terre.

Le «pouvoir» de Jésus est l’offrande extrême de soi

Le diable veut être adoré, a affirmé le père Mendonça. Son pouvoir est l’apparence, tandis que celui du Ressuscité fait partie du mystère de la Croix, de l’offrande extrême de soi.

C’est un risque énorme que la tentation du pouvoir, a-t-il expliqué. À plus ou moins grande échelle, cette tentation nous éloigne du mystère de la Croix, puisqu’elle nous éloigne du service de nos frères. Jésus enseigne, au contraire, à n’être asservi par personne et à ne pas faire d’esclave, mais à rendre culte seulement à Dieu et à servir: «nous ne sommes pas des maîtres, nous sommes des pasteurs».

Huitième méditation des Exercices spirituels: la parabole du fils prodigue reflète nos familles

La parabole du fils prodigue est une histoire qui reflète la réalité des familles dans laquelle la relation entre frères est corrodée par des sentiments tels que l’envie, a estimé le père José Tolentino Mendonça. La figure du père représente, elle, l’icône de la miséricorde.

22 février 2018. (ANSA)
Amedeo Lomonaco – Cité du Vatican

Un des grands dangers dans notre cheminement intérieur est le regard égocentrique, «dans lequel le soi est le commencement et la fin de toutes choses», a énoncé le père José Tolentino Mendonça.

Dans cette parabole du fils prodigue, «nous voyons une famille humaine, semblable à nos propres familles». C’est un miroir dans lequel il y a tout. C’est «une histoire qui nous saisit de l’intérieur», dans laquelle nous voyons problématisée la relation entre frères, a expliqué le prêtre portugais. Ainsi, nous réalisons «le sens délicat du lien filial», du «complot subtil et fragile des affections que nous tissons les uns avec les autres».

Le vortex trompeur de la société de consommation

Cette parabole interroge. «À l’intérieur de nous, en vérité, il n’y a pas uniquement des belles choses, harmonieuses et résolues. Il y a aussi des sentiments étouffés: tant de choses à clarifier, des pathologies… Il y a des zones de souffrance, des zones à réconcilier, des souvenirs et des césures que l’on va laisser Dieu guérir».

Notre époque dominée par «un désir à la dérive» favorise «en nous, enfants prodigues», la volonté facile, le caprice et l’hédonisme. Tout cela développe «un vortex trompeur» dicté par la «société de consommation» qui promet de satisfaire tout le monde, tout en identifiant le bonheur avec la satiété. Nous sommes tellement «rassasiés, pleins, satisfaits, apprivoisés». Mais cette satiété obtenue avec la consommation représente «la prison du désir», a mis en garde le père José Tolentino Mendonça.

Des attentes maladives

Au besoin de liberté du fils cadet dans la parabole, poussé par des «faux pas» et des «fantasmes d’omnipotence», s’ajoutent en parallèle les «attentes maladives» du fils aîné:

Ces mêmes attentes qui nous infiltrent très facilement: la difficulté de vivre la fraternité, la prétention de conditionner les décisions du père, le refus de jouir du bien de l’autre. Tout cela crée en ce fils ainé un ressentiment latent et l’incapacité de saisir la logique de la miséricorde.

Le danger de l’envie

Aux faux pas du fils cadet, animé dans sa jeunesse par ce désir à la dérive, se superpose un autre danger qui consume le fils aîné: le danger de l’envie. Cela aussi est une pathologie du désir, a affirmé le prédicateur. C’est un manque d’amour, une «justification stérile et malheureuse». Le fils aîné, incapable de résoudre la relation avec son frère, est perpétuellement déchiré par «l’agression, les barrières et la violence». Le contraire de l’envie, c’est la gratitude qui «construit et redécouvre le monde».

La miséricorde, un Évangile à découvrir

A côté de ces figures d’enfants qui, à leur manière, nous reflètent, celle du père émerge:

«L’icône de la miséricorde est ce père. Il a deux enfants et il comprend qu’il doit se comporter avec eux de différentes manières, donnant à chacun un regard unique».

Enfin, le Père José Tolentino Mendonça a déclaré que «la miséricorde ne donnait pas à l’autre ce qu’il méritait». La miséricorde est la compassion, la bonté et le pardon. C’est donc «donner plus, donner au-delà, et aller au-delà». C’est un «excès d’amour» qui guérit les blessures. La miséricorde est l’un des attributs de Dieu: croire en Dieu, c’est donc croire en la miséricorde. La miséricorde – a conclu le père Mendonça – est un Évangile à découvrir.

Neuvième méditation des Exercices spirituels: Écouter la soif des périphéries

En faisant cela, dit-il, «l’Église se redecouvrira » le 22 février 2018 – Sœur Bernadette Mary Reis

Garder les yeux ouverts pour voir ce qui se passe dans le monde est essentiel à la vie spirituelle, a conseillé le père Mendonça, lors de sa neuvième méditation délivrée à la Maison du Divin Maître, où le Pape François et la Curie romaine sont en retraite de Carême. «Sinon, nous devenons à l’aise et nous évitons notre responsabilité sociale». Or, la voix de Dieu devrait toujours nous confronter à la question primordiale: «Où est ton frère?»

Soif spirituelle et soif littérale

La question spirituelle de la soif resterait incomplète si elle ne nous rapprochait pas de «la soif littérale et élémentaire qui tourmente et limite l’existence de tant de nos contemporains», a poursuivi le prêtre portugais. 30% de la population mondiale n’a pas accès à l’eau potable à domicile. C’est une soif vécue par ceux de la périphérie qui appelle à «l’adoption urgente d’une authentique conversion des vies et des cœurs», a observé le père Mendonça.

Jésus vivait en périphérie

Jésus comprend ceux qui vivent à la périphérie. Il est né dans une périphérie de Bethléem, pas dans une grande ville. Il vivait à Nazareth, «un nom si insignifiant que c’est l’un des rares endroits en Palestine qui n’a jamais été cité nulle part dans l’Ancien Testament», a relevé le prédicateur. Le message de Jésus trouve donc son chemin dans la périphérie. Et comme cela a été rapporté dans la première conclusion de l’Evangile de Marc, même après sa résurrection, Jésus veut rencontrer les disciples «encore une fois dans la périphérie: ‘’Il va avant toi en Galilée’’» (Mc 16,7).

Le christianisme est une périphérie

Choisir «la périphérie est dans l’ADN du chrétien», a affirmé le père Mendonça. Dans toutes les époques et dans tous les lieux, c’est là que les chrétiens rencontrent et retrouvent Jésus. Ainsi, «le christianisme est une réalité périphérique …. Pour l’Église, la périphérie n’est pas un problème mais un horizon». Ce n’est qu’en se déplaçant hors de soi que l’Église peut découvrir une nouvelle ardeur missionnaire. De cette façon, «l’inouï arrive: ce n’est qu’en se retirant d’elle-même que l’Église peut se redécouvrir».