La nappe

Tout est matière dans cette toile.

La nappe occupe presque la totalité de l’espace.

Les plis du tissu évoquent le lavage, le repassage, le rangement, la crainte d’une tache.

Les soucis du monde sont là étalés sur la toile, comme en silence.

Deux traînées lumineuses viennent colorer la nappe.

D’où vient la lumière, nul ne le sait. La source n’est pas montrée.

Mais ces deux flammes roses et jaune guident notre regard en direction du verre.

Et ce verre, posé au centre de la toile, élève à son tour notre regard vers le pain.

C’est à cette fraction du pain que nous aussi nous Le reconnaissons.

Tout est dit et tout se met à rayonner de Sa présence.

La beauté des mains rompant le pain en un triangle.

La croûte épaisse et savoureuse du pain.

Pourtant les miettes sont celles de nos repas quotidiens

Comme la nappe, comme le verre, comme l’assiette.

Tout est banal, tout est beau.

La banalité de nos vies se met à rayonner de la passion amoureuse du Christ.

Et même si l’on se croit encore indigne de ce repas,

Nous pressentons qu’une miette suffira pour nous rassasier.