La Visitation d’Arcabas

la Visitation (une peinture d’Arcabas)

C’est un tableau de la rencontre :
Deux visages qui se regardent,
Deux corps qui s’enlacent,
les bras tout en mouvement d’étreinte,
les jambes tout en avancée.

Elizabeth accueille chez elle Marie à bras ouverts.
Marie se précipite toute à la bonne nouvelle de sa vieille cousine enfin enceinte.
Avec elle, elle veut se réjouir de la joie qui l’habite elle aussi.

Tout est grâce dans la rencontre de ces deux femmes :
leurs mouvements, la joie sereine des visages.

Tout est Paix dans le partage de la Bonne Nouvelle.
Car dans cet échange entre ces deux femmes éclate le secret de la naissance.

Deux croix d’or se rencontrent sous l’arche des bras enlacés.
Celui qui sera Jean-Baptiste tressaille en sa mère
et de ses entrailles monte la reconnaissance du Sauveur.

L’Ancien et le Nouveau se font écho et brillent tout deux du même amour de Dieu.

Car dans cet échange entre ces deux femmes éclate le secret de la parole.
Des paroles d’Elizabeth vont jaillir le Magnificat de Marie

C’est dans cet échange
que Marie reçoit de dire ce qui lui a été annoncé.
Magnificat !

C’est dans cet échange
que celle qui portait la parole laisse la parole prendre corps en elle.
Magnificat !

C’est dans la rencontre de l’autre
que nos corps pourront laisser le Christ prendre chair en nous…

Zacharie, le mari d’Elizabeth, se tient dans son coin, à gauche du tableau.
Lui, le serviteur du temple, a perdu la parole.
Lui, qui n’a pas cru aux paroles de l’ange, est devenu muet
Il reste sur la pas de la porte.

Il ne retrouvera la parole qu’à la naissance de son fils
ce fils qui déjà parle dans le ventre de sa mère
pour annoncer la venue de la Nouvelle Alliance.

Zacharie, lui dont le nom signifie « Dieu se souvient »,
garde la maison de l’Ancienne Alliance.

Il sait maintenant que c’est son fils Jean qui sera le prophète du passage,
son fils dont le nom signifie « Dieu fait grâce ».

Car il sait lire sur le visage des deux femmes
cette grâce de Dieu à l’œuvre dans le monde.

Il pressent alors cette nouvelle page qui s’annonce
Et qui semble, en bas à droite du tableau,
se tourner dans le pan du manteau de Marie…

Pascal Sevez s.j

Pour approfondir lire de Christian Salenson dans « Catéchèses mystagogiques pour aujourd’hui », Bayard Février 2008 : la catéchèse intitulée « une vie eucharistique avec Marie » p.63-71, le passage sur « Pas d’annonciation sans visitation »